Auteur : Olivier Cardini & Jean-Claude Bouchoux https://www.linkedin.com/in/jean-claude-bouchoux-1066a53b Date : 19 mars 2018
La gestion de l’imprévisible, une nouvelle donne à intégrer pour la protection des zones commerciales.
Les centres commerciaux, par définition très fréquentés, figurent en bonne place en tant qu’éventuelles cibles d’attentats.
La gageure de la réflexion que nous présentons ici est d’assister l’ensemble des acteurs concernés à prévenir voire à réagir à l’action terroriste en imaginant l’imprévisible.
« Partout, par tous moyens - faire preuve d’une imagination sans limite pour commettre le pire - à tout moment, maintenant ou plus tard »… tels sont les objectifs de la feuille de route fixée à leurs bras armés (homme, femme voire enfant) par Daech, Al-Qaïda ou leurs divers satellites : la finalité d’une action terroriste étant, on le sait, de faire un maximum de victimes afin de terroriser au quotidien, mais surtout, par leur répétition, de désorganiser le tissus social d’un État.
Depuis les premiers attentats des années 95 qui ont endeuillé notre pays, tous les lieux et évènements pouvant accueillir du public constituent des ob-jectifs ; les auteurs d’attentats ont une imagination sans limite et savent tirer les enseignements de leurs échecs. Malgré l’amateurisme de certains, il leur est possible avec des moyens limités de commettre des massacres de masse (NICE 14/07/2016).
Cette nouvelle génération de terroristes diffère des précédentes par le fait que les auteurs d’attentats ne cherchent pas à fuir, mais tout au contraire laissent en évidence leurs papiers d’identité, recherchent délibérément la mort au nom de leur idéologie, en se faisant sauter ou en cherchant à se faire tuer par les forces de l’ordre, marque de leur fanatisme…
Bien que les services spécialisés de l’État (RGx, DST puis DCRI devenue DGSI) aient obtenu, ces dernières années, des résultats particulièrement si-gnificatifs et importants, en déférant à la Justice nombre d’individus qui en étaient encore au niveau de la préparation de l’action violente, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, la menace est plus que jamais présente avec le retour (plus ou moins clandestin) en France d’un certain nombre de combattant(e)s chassé(e)s de leurs territoires par la coalition, qui chercheront sous toutes les formes possibles à poursuivre la lutte armée sur notre sol.
Ainsi, les zones commerciales qui peuvent être le théâtre quotidien de délits droits commun (démarque, vols de recette, agressions, incivilités, cyber risques …) constituent également une cible attractive pour des terroristes, avec leurs magasins de luxe, centres culturels, salles d’entrainement phy-sique, coworking et en raison de l’importance d’une fréquentation par tous publics.
Les centres commerciaux, par définition très fréquentés, figurent en bonne place en tant qu’éventuelles cibles d’attentats. La gageure de la réflexion que nous présentons ici est d’assister l’ensemble des acteurs concernés à prévenir voire à réagir à l’action terroriste en imaginant l’imprévisible.
« Partout, par tous moyens - faire preuve d’une imagination sans limite pour commettre le pire - à tout moment, maintenant ou plus tard »… tels sont les objectifs de la feuille de route fixée à leurs bras armés (homme, femme voire enfant) par Daech, Al-Qaïda ou leurs divers satellites : la finalité d’une action terro-riste étant, on le sait, de faire un maximum de victimes afin de terroriser au quotidien, mais surtout, par leur répétition, de désorganiser le tissus social d’un État.
Il faut donc bien sûr prendre en compte cette vulnérabilité et comme l’écrivait Simon de Bignicourt :
"Il ne faut pas craindre du côté où l'on est sur ses gardes, c'est sur celui où l'on croit être le plus en sûreté qu'il faut souvent jeter les yeux. »
(Pensées et réflexions philosophiques 1755)
L’expertise en Intelligence Economique (IE) doit nourrir la capacité d’anticipation à faire intégrer par l’ensemble des décideurs d’un site donné.
A cet égard, le consultant joue un rôle d’éclaireur, de sentinelle, d’agent détecteur, et constitue un facteur actif et moteur pour l’aide à la prise de décision opérationnelle et pragmatique.
Aussi, notre rôle est-il de proposer un certain nombre de pistes pour anticiper : elles sont bien sûr non exhaustives d’autant qu’une certaine confidentialité doit entourer certaines d’entre elles :
• Faire un état des lieux avec l’ensemble des partenaires concernés.
• S’assurer du niveau de vigilance de ceux-ci avec la participation éventuelle du client « citoyen ».
• Envisager l’inimaginable, c’est-à-dire des modes d’action terroristes improbables.
• S’assurer que la réaction à l’action terroriste éventuelle est prise en compte au mieux en coordination étroite avec les services concernés de l’État.
Dans un centre commercial, le plan de surveillance et de protection des personnes et des biens, tenant compte des spécificités locales, « est affaire de tous », du directeur général aux personnels en passant bien sûr par les responsables d’enseignes, des diverses sociétés de sécurité privée qui auront appris à travailler de concert en y associant la vigilance citoyenne des clients.
La prévention antiterroriste des sites ne peut se concevoir que dans le cadre d’une coproduction permanente public/privé de sécurité, les services locaux de l’État (Police / Gendarmerie / Services de se-cours) étant associés étroitement et en permanence tant au niveau de la préparation des plans de prévention qu’évidemment lors du déclenchement d’un plan de sauvegarde si une action violente intervenait.
Les responsables des centres commerciaux ont déjà relevé les seuils d’activation des plans de surveillance et de protection des personnes et des locaux à travers un certain nombre de mesures, qu’il ne parait pas opportun de décrire ici, et en renforçant en particulier leurs dispositifs de protection à travers l’utilisation des nouvelles technologies.
Ces mesures renforcent la performance des dispositifs et l’aide à la prise de décision.
Dans une première étape, le consultant doit, à travers un audit critique - l’avantage étant qu’un oeil extérieur est plus à même de détecter d’éventuelles failles - valider les dispositifs existants ou proposer des améliorations, en imaginant les scenarii de l’imprévisible, ce qui constitue un apport essentiel dans notre rôle de conseil.
Il conviendra également d’échanger avec les personnels de tous niveaux hiérarchiques du centre com-mercial, les premiers concernés par le maintien du niveau de vigilance – maintenant permanent – qui a tendance à s’émousser au fil du temps : rappel régulier des consignes sur l’attention à porter sur tout fait insolite avec un compte rendu (« reporting ») immédiat au référent Police / Gendarmerie…
« REAGIR » : le consultant aura également à s’assurer d’une transposition adaptée à chaque site, en fonction de ses spécificités, du plan « Réagir en cas d’attaque terroriste » préconisé par le Gouvernement après les attentats de 2015. Un exercice en grandeur réelle peut également s’imposer avec le personnel du centre commercial, notamment pour savoir rejoindre les « Safety Rooms » dans les meilleures conditions sous la supervision des services concernés de l’État.
Ceci étant, dans le cadre de l’expertise d’Intelligence Économique (#IE), il paraît utile d’émettre quelques propositions pragmatiques, concrètes qui, peu ou prou, existent déjà ici ou là mais devraient être officialisées et prises en compte par la règlementation :
• Désignation d’un référent unique sécurité dans un centre commercial (il existe déjà dans les clubs de foot ou de rugby), rattaché directement au directeur du centre et en échange permanent avec le ou les référent « s » Police / Gendarmerie / Pompiers/ SAMU.
• Approfondissement de la formation des agents de sécurité privée en matière de lutte antiterroriste avec des « débriefings » réguliers permettant d’orienter et d’augmenter leur capacité de vigilance.
• Rencontres de coordination entre les diverses sociétés pouvant assurer la sécurité privée des enseignes d’un même centre commercial.
Une discrétion certaine devant recouvrir le reste de nos propositions…
Pour conclure cette brève présentation, il convient de rappeler qu’un ancien premier ministre avait déclaré après les actes de terrorisme de 1995 …
« Oui, nous sommes en guerre »,
une guerre atypique, ne serait-ce que parce que les terroristes jouent la montre :
« ils ne connaissent ni le moment ni le lieu », disent-ils, comptant sur notre démotivation.
Mais « cette guerre » durera malheureusement durant de longues années.
Alors comme le disaient « les anciens », restons attentifs :
Si vis pacem para bellum
Auteur : Jean Claude BOUCHOUX https://www.linkedin.com/in/jean-claude-bouchoux-1066a53b & Olivier CARDINI